ESSAI

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Myriam Mallié, Conter, Noville-sur-Méhaigne, Esperluète, 2013, 96 p. (18 €)

Myriam Mallié écrit et peint. Elle est aussi conteuse. Dans ce livre, elle allie les trois démarches : oralité, écriture quelques illustrations colorées alliant images aux mots. Ce qu’elle raconte est de l’ordre de l’expérience personnelle, c’est dire que les souvenirs, de temps en temps très intimes, se mêlent à une réflexion à propos de l’art de raconter des histoires pour les construire autant que pour les partager oralement avec un public.

Elle médite au sujet de la démarche, de ses tâtonnements, de ses doutes. Elle ne cache pas ses peurs, ses interrogations. Elle fait partager des rencontres, de celles qui laissent une trace profonde ou qui changent la vie. Elle épice ses dires de citations empruntées à l’expérience et à la pensée d’autres personnes qu’elle.

Pour Myriam Mallié, son travail est essentiel : « Raconter est une réponse poétique et ludique à une question qui me mène, me tourmente, me ravit, sans s’épuiser jamais : quelle parole me fait vivre ? ». Car c’est bien de l’urgence de la parole, des paroles dont il s’agit. Ceci en n’oubliant jamais que « Le contraire de la parole n’est pas le silence. C’est le bavardage ». Et quelqu’un qui s’écouterait, qui chercherait seulement à séduire serait un mauvais conteur.

Sa démarche se nourrit d’observations, de lectures, d’écoutes. Elle tient compte du corps car sa position est importante, se respiration capitale, son regard indispensable, sa voix  décisive. Il n’est pas question de raconter pour des personnes particulières, pour des situations psychologiques ou mentales mais plutôt à des auditeurs venus entendre. En aucun cas il n’est question de leur offrir ce qu’on suppose qu’ils attendent mais au contraire ce qui a ému, touché, enrichi le conteur.

Mallié insiste sur les contenus des histoires. Derrière des fonctionnements narratifs parfois similaires, ce qui doit être retenu ce sont les éléments symboliques, les quêtes de soi, les obstacles à franchir pour aller plus loin et se dépasser soi-même. Il y a toujours un aspect initiatique. Et c’est en cela que ces histoires sont susceptibles d’entraîner l’adhésion et de libérer l’imaginaire tout en induisant des leçons de vie.

Michel Voiturier