Nathalie Boutiau, Le silence de Jimmy, éditions Dricot, 2014

 

Après les délicats poèmes de L’enfant de lumière et son roman N’oublie pas d’aimer, Nathalie Boutiau nous donne un troisième livre, Le silence de Jimmy, paru aux éditions Dricot. Ce roman nous conte la longue attente, tissée tour à tour d’angoisse et d’espoir, des parents et du frère de Jimmy, plongé dans le coma à la suite d’un accident. Le récit démarre comme une enquête policière imaginée par le jeune Maxence, persuadé que l’absence de son frère s’explique par un enlèvement : Jimmy a été kidnappé ! En effet, dans l’intention de le soustraire à la violence de la nouvelle, les parents de Maxence lui ont d’abord caché la vérité… Celle-ci ne tarde cependant pas à se faire jour, et la confrontation avec le réel permettra seule à l’adolescent de traverser cette épreuve, devenue pour lui initiatique.

Nathalie Boutiau entremêle habilement les fils du récit, alternant les regards et les interrogations de Maxence et de chacun de ses parents face au vide immense causé par le silence et l’immobilité totale dans lesquels se trouve enfermé Jimmy, son impossibilité de répondre à toute tentative de communication, comme s’il était retiré du monde, en suspens entre la vie et la mort – ni tout à fait mort, ni tout à fait vivant. Le plus terrible étant de ne pas savoir quand et comment ce temps suspendu prendra fin, ni même s’il prendra fin.

Nathalie Boutiau creuse donc à nouveau le thème de l’enfant disparu, prégnant dans ses deux livres précédents. Celui de la douleur, de la fragilité, du deuil réel ou redouté – et aussi de l’espoir, envers et contre tout, de la beauté, de la tendresse. En phrases très simples, souvent très poétiques, et légères comme la plume sur le sable qu’elle a photographiée pour la couverture de son livre, Nathalie Boutiau dépeint ici l’essentiel de toute expérience humaine dont le sens, quand tout paraît perdu ou absurde, est sans doute à chercher du côté de l’espérance.

 

Thierry-Pierre Clément