Pascale Toussaint, C’est trop beau ! trop !  Edition Samsa sprl, 2015

La littérature francophone de Belgique a souvent été le parent pauvre de la littérature d’expression française, tant au point de vue de son étude que de son enseignement. On se souvient de la part modeste qui lui était consacrée dans les manuels édités par Bordas : un complément de 60 pages sur 600 dans le volume du XIXe siècle et rien du tout dans le volume du XXe siècle.

Depuis quelques années les choses ont changé. De nombreux ouvrages ont vu le jour, ayant chacun leur marque propre. Celui de Pascale Toussaint s’inscrit résolument dans cette veine. À la fois histoire littéraire et anthologie, l’étude porte sur 50 auteurs qui ont donné à la littérature belge ses lettres de noblesse. La période étudiée va de la publication de La Légende d’Ulenspiegel (1867) à nos jours, en excluant les écrivains nés après 1945.

Le point de vue n’est pas chronologique mais thématique. Une dizaine de thèmes ont été identifiés comme autant de caractéristiques propres à la littérature belge, la première étant son identité-même : belge, belgité, belgitude… On y trouve les noms de Charles De Coster, Suzanne Lilar, Dominique Rolin, Jacques Brel et William Cliff. D’autres thèmes plus ou moins inattendus sont analysés : Ailleurs, Racines, Miroirs et mirages… jusqu’à la Démesure baroque où sont recensés des auteurs comme Gaston Compère ou Jacques Izoard.

Chaque chapitre se subdivise en une présentation du thème, une brève analyse de l’écrivain et de son œuvre et enfin un ou plusieurs textes. En outre, Pascale Toussaint a voulu jeter des passerelles entre littérature et arts, peinture, sculpture, musique. Une vignette reproduit chaque fois une œuvre accompagnée d’une brève citation.

Cet ouvrage n’aurait pas vu le jour sans la curiosité, l’enthousiasme et la ténacité de Pascale Toussaint, auxquels Jean Louvet, le préfacier, rend hommage. Ajoutons la qualité pédagogique qui fait de C’est trop beau ! trop ! une anthologie de nature à satisfaire tout amateur de lettres belges : lecteur, enseignant ou étudiant. Le titre fait référence à Rimbaud qui, à l’opposé de son compatriote Baudelaire, appréciait Bruxelles et la Belgique.

Jacques Goyens