Paul ROLAND, Hivers traversés de ciel bleu, Les Déjeuners sur l’herbe, 2016, 10€. Collection Musique des mots.

 Ce qui naît de la rue/ n’atteint plus les fenêtres

Les beaux poèmes écument la rue, les fenêtres, la ville, dessinent à points précis les « appels de mendiant » ou « l’espoir/ d’un jour de fête ».

Il gèle à vitre fendre.

À force d’observer les saisons et les rues, le poète ouvre des brèches, signale des présences, aiguise le regard : le soleil escalade les balcons.

« Le vieux pavé » a bien des choses à raconter et « l’ombre des femmes » prégnante, jusqu’à étendre  leur présence tout au long d’un long poème (le 25) :

Femmes sous les fenêtres,

d’où venez-vous,

les yeux penchés

sur les neiges d’antan ?

Le poète sait recueillir l’impalpable, « les mots partagés », les clameurs des « derniers fêtards » et « les fenêtres reçoivent/ d’un ange aveugle/ une lumière/ où palpite le cœur aimé ».

Trente-trois poèmes de célébration de la vie, parfois miséreuse, parfois faillie, toujours fêtée par un amoureux d’une langue claire, aux belles images sonnantes.

Philippe Leuckx