servalPaul Serval, Le blason de l’éditeur, roman, éd. Azeimuts, 120 pp, 11 €.

Au Moyen Age, la sotie était une farce. Le présent ouvrage est une sotie de la vie littéraire et médiatique, nous dit la 4e de couverture. Et encore: Paul Serval est le pseudonyme d’un auteur confirmé, membre de l’Association des Ecrivains belges, et fin observateur de la comédie humaine.

Il nous faut bien recourir à la 4e de couverture, puisque l’auteur use d’un pseudonyme, et pourrait dire, avec Descartes: Larvatus prodeo, je m’avance masqué. Il est vrai que la 4e de couverture est un endroit où se jouent d’ordinaire bien des comédies, de la vie littéraire et médiatique, puisque c’est d’elle qu’il s’agit. Des comédies qui sont plus drôles encore quand on les aperçoit des coulisses. Je ne suis pas celui que vous croyez…Si, Monsieur…Non, monsieur…Un soufflet est vite échangé, la comédie tourne au drame, les rapières se croisent…

Je ne vous dévoilerai pas l’intrigue de ce petit roman, qui vaut son pesant d’or. Je ne vous dirai pas le subterfuge auquel le héros eut recours, ou plutôt les subterfuges, pour s’assurer du cœur et de l’esprit de sa belle (le reste suivra naturellement); ni pour les conserver, tâche plus rude encore. Mais je m’en voudrais de vous quitter sur ce non-lieu, j’aimerais vous faire apprécier, le temps d’un paragraphe, le style de Paul Serval. Car si l’intrigue est digne de Molière (Qu’allait-il donc faire en cette ga!ère?), le style, lui non plus, n’eut pas détonné en ces temps de langage fleuri:

Mais je ne sais pourquoi je vous dis cela. J’ai cru comprendre que vous étiez journaliste: vous n’êtes pas venu chez moi pour écouter mes plaintes. Il faut que je vous dise, (peut-être ceci explique-t-il cela), je viens de connaître une douloureuse trahison: celle que j’aimais, trop jeune pour moi, certes (nous avions soixante ans de différence, Monsieur, ce qui en regard de l’éternité n’est rien), m’a quitté, il y a quelques jours, et vous m’en voyez retourné tout autant que si c’était d’aujourd’hui.

Un livre à lire, non point de toute urgence, comme disent les journalistes, mais bien plutôt, comme disent nos jeunes contemporains, « à l’aise ».

Joseph Bodson