Philippe Leuckx, Quelques mains de poèmes, l’Arbre à paroles, 2012, 66 pp,8 €.

Les fidèles de Philippe Leuckx y reconnaîtront avec plaisir sa petite musique, celle du cœur ouvert et de la main tendue, d’une certaine mélancolie aussi parfois, et comme teintée de nostalgie. Pierre Schroven en souligne très justement les qualités dans sa préface: Une poésie généreuse et dense qui ne comprend que le langage du cœur, la générosité ne nuisant en rien à la densité.

Ainsi, quand il écrit:

Brusque appel d’air

Dans l’infortune

Je me nourris

Du monde

De l’aube

Et d’une lumière de chambre,

conjugue-t-il très exactement le côté profondément sensualiste de son être et tout ce qui est de l’homme d’étude.

Et il continue, dans le même registre: L’aube vient/Caresse d’une robe/Où se mêlent/Des cimes/Et des chemins ouverts/Dans l’encre d’une main. Il y a là comme une tentative de réconcilier ce vieux manichéisme, ce divorce du cœur et de l’esprit, dans lequel, bien souvent, les éléments de la nature sont requis à titre d’auxiliaires, au lieu de servir de source et d’aliment à l’un comme à l’autre pour en faire le trait d’union.

Et le recueil continue ainsi, sous le signe de la réconciliation:

Je descends avec la nuit au bras

Et peu de peur au fond au ventre

Je descends la rue

Avec en bouche un poème meurtri

Un reste de vin et l’allègre venue

De la nuit.

A lire, à relire, à goûter, à méditer.

Joseph Bodson