Philippe Marchandise, Le soupir de la paruline, roman, éditions Mols 2017, 365 pages, 21,90 euros

Il s’agit moins d’un roman que d’un récit, plus précisément d’une chronique se déroulant pour la plus grande part en Caroline du Sud, de la fin du 20è siècle au début du 21è. L’on plonge dans les périodes de la vie d’une femme, Shirley, de l’enfance jusqu’à la vieillesse, par de fréquents aller-retour dans le passé où vient encore s’insérer un passé antérieur.

Shirley, jeune femme, aime passionnément Arthur avec qui- pour des raisons obscures qui lui échapperont plus tard – elle rompt. Elle épouse John, bon mari et passionné de golf, et en a trois enfants. Les années passent et lorsque John, atteint d’Alzheimer, décède, Arthur réapparaît dans la vie de Shirley. Vont-t-ils se revoir, renouer ?  Où en sont leurs sentiments? Ceux-ci résisteront-t-ils au temps et surtout, aux aléas de la vie ? Le temps peut-il vraiment se mettre à s’écouler « comme un long fleuve tranquille » ? La paruline (on y reviendra plus loin !) se remettra-t-elle à chanter pour Shirley ? Nous prendrons soin de ne pas révéler au lecteur ce côté intime du livre…J’ai bien aimé la deuxième partie, longue période d’attente et de doutes, où Shirley s’interroge sur le sens de ces retrouvailles avec son premier et grand amour…

Je me glissai dans les eaux fumantes. N’était-ce pas raviver des braises depuis longtemps éteintes ? Consumées ou seulement enfouies sous un tas de pierres ?(…) Et puis, c’est quoi l’amour ?

Le livre est écrit d’une plume très érudite. Le contexte nous apprend bien des choses dans maints domaines, tels que :

Le golf : le récit regorge de détails techniques et, nul doute, à notre avis, que l’auteur excelle dans ce sport exigeant.

Une belle description de Hilton Head, île située au large de la côte atlantique au sud-est de la Caroline du Sud, de l’ambiance qui la baigne, des conditions d’existence et de la nature.

Un pan de l’histoire de l’esclavage dans les Etats du Sud de l’Amérique, au travers d’un récit dans le récit.

Enfin, le tableau (assez terrifiant en son genre) d’une maison de retraite « idyllique » hors du monde, où les résidents, dont on nous dresse un portrait détaillé et dont  la vie lente est ponctuée de riens s’accumulant sur des riens, sont choyés, surprotégés et discrètement surveillés « pour leur bien ».

 

Et entre les pages, volette et se pose par-ci par-là, la paruline, un oiseau des îles au plumage chatoyant qui séduit sa belle par son chant, symbole de l’amour…

Par la fenêtre entrebâillée, j’entends des chants d’oiseaux. Une paruline zinzinule en réponse aux avances d’un mâle qui se prend pour Pavarotti. Soudain leurs pépiements s’arrêtent (… Le calme s’impose peu à peu. Je n’entends plus que les battements du cœur et ma respiration que je tente d’apaiser.

Martine Rouhart