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Philippe Rémy-Wilkin, L’œuvre de Caïn, Edition Le cri.

En prologue, le roman s’ouvre par une discussion philosophique entre le psychiatre Tannhäuser et des sociétaires de la loge des fils d’Eden sur l’existence du mal absolu et de ses manifestations humaines. Dès les premières pages se profile la doctrine qui permettra à Hitler de s’imposer en nouveau Messie, de justifier et de tenter de convaincre tout un peuple du bien fondé de la haine du juif. Il donne lecture d’une lettre adressée à tous les scientifiques d’Allemagne et d’Autriche : « Il faut maintenant choisir, être avec ou contre nous. En même temps qu’Hitler nettoiera la politique… La doctrine de la Glace éternelle sera le signe de la régénération du peuple allemand ». Caspar Mendelssohn, un archéologue juif, quelque peu visionnaire, archétype du juif errant, réagit fortement à cette annonce et quitte la compagnie pour rentrer chez lui.

Il ressent immédiatement qu’un réel danger les menace, lui-même et tous ceux qui se reconnaissent juifs. Les évènements s’accélèrent lorsqu’il va retrouver son ami Valentin Dullac, le belge, avec lequel il avait partagé des fouilles archéologiques au Moyen Orient, et s’était lié d’une indéfectible amitié. Ils avaient décidé en guise de retrouvailles de faire une croisière sur le Rhin. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Valentin Dullac pour percer le mystère de l’attentat perpétré contre son ami, basculé par-dessus bord au milieu du fleuve par un inconnu, sera entraîné dans de nombreuses aventures qui l’amèneront à pénétrer au cœur des zones d’ombre de la famille Mendelssohn. Le frère de Caspar, Melchior. Ses enfants Conrad et Leni. Valentin Dullac, le belge, se trouvera embarqué dans une course poursuite où se croisent gangsters, proxénètes, policiers, détectives au service de la police, à la recherche de Lia, la fille de son ami Caspar Mendelssohn qui devrait être son héritière après son assassinat. Comme dans un excellent roman policier, il faudra découvrir l’assassin et les motifs du crime. Valentin Dullac se révèle un excellent enquêteur digne des romans d’Agatha Christie , à laquelle se réfère l’auteur, même s’il n’en exerce pas la profession.

Parallèlement, le lecteur prendra connaissance du journal de Valentin Dullac à partir de Mai 1912 jusqu’en Décembre 1914, période de grandes tensions politiques annonçant la première guerre mondiale.

Peu à peu, le lecteur fera connaissance avec l’Allemagne de cette époque, son histoire, ses paysages, ses sites historiques. Apparaîtront des hommes politiques qui feront ultérieurement basculer le destin de l’Allemagne sur la foi de concordances historiques interprétées à l’aune de légendes, telle celle des dix tribus perdues d’Israël et de la rivalité entre les deux fils d’Adam Caïn et Abel selon le récit consigné dans la Bible, conduisant au meurtre du frère.

Le congrès du Faux – Savoir dévoilera les thèses qui soutiendront le nazisme.

On ne saurait résumer ce roman qui va de rebondissements en surprises jusqu’à la fin du texte.

D’amples connaissances historiques, un art du récit, une manière subtile de cultiver le suspens donne à ce roman une intensité qui ne faiblit à aucun moment, n’offrant guère de répit au lecteur. Philippe Rémy-Wilkin nous emporte ainsi dans un parcours initiatique le long du Rhin et c’est avec délices que nous nous prêtons au jeu.

Dominique Aguessy