Pierre-Jean Foulon, Fresque baroque de mon désir, poèmes, éd. du Spantole, 2014.

Il faut se rappeler que le terme même de baroque, tout comme Vénus, sort d’un coquillage Et de fait, le coquillage même, par sa forme, son creux, son secret, renferme aussi la naissance de toute chose.

Ici, les mots, les phrases, par la typographie même, sombre,  se détachant à peine du fond obscur, semblent sortir d’une sorte de grisaille, d’une aube de néant. Dans la fugacité, comme la fresque qui procède de la rapidité de son exécution.

Dès le début, de superbes évocations de l’automne. Même si ces poèmes ne sont pas d’un accès facile, ils sont comme éclairés de l’intérieur et s’ouvrent comme la bogue d’une châtaigne. Le givre multiplie ses lumières, enflamme le vitrail des fenêtres. Des images à la fois simples et précieuses, qui semblent elles aussi rayonner entre le noir qui les encadre. Une idée prégnante: la semaison, les graines, la fertilité. Non point l’homme seul, ni la nature seule, mais les deux réunis en une œuvre commune. Une interrogation incessante sur le statut du poète, sa situation dans le monde, au centre des choses. Et une belle célébration de l’arbre, image au centre des choses. Une profusion de thèmes et de métaphores. Les images elles-mêmes sont baroques, en courtes propositions indépendantes, un passage continuel du concret à l’abstrait. On pourrait, parfois, se croire chez Hésiode, ou chez Rimbaud. Les métaphores se chevauchent, dans une pléthore d’images signifiantes, et c’est comme un langage second qui vient prendre la place du langage premier, un langage plus ancien peut-être, si les poètes sont à l’aube de l’humanité.

Joseph Bodson