Pierre Legat, Vincent Van Gogh à Marcasse, Terre natale, Audace,  2015, 52 pages, 9 euros.

Professeur retraité, ayant vécu sa jeunesse à Petit-Wasmes, près du charbonnage de Marcasse, là où vécut Van Gogh, maître en picard borain, Pierre Legat était tout désigné pour nous conter l’expérience du peintre missionnaire dans la région du Borinage.

Voulant partager la vie des mineurs, Van Gogh a souhaité, en 1879,  faire cette expérience d’une descente dans la mine, plongée dans l’enfer. Pierre Legat nous décrit avec précision, les préparatifs de cette expédition, la configuration des lieux. Son récit est vivant, empruntant au vocabulaire borain, nous faisant vivre la mine jusque dans sa technicité (un glossaire suit chaque chapitre). Au-delà de la personne du peintre empli de ferveur religieuse, voulant vivre sa foi, appliquer les enseignements du christianisme, tout dévoué aux mineurs, au-delà d’un Van Gogh qui restera marqué par cette expérience, nous découvrons ici l’indicible. Se peut-il que des femmes, des hommes et des enfants aient ainsi vécu ? Bien sûr, on connaît Germinal. Mais, ici, c’est autre chose : le récit prend chair.  Peut-être parce que c’est chez nous, qu’on utilise le langage des mineurs ?

On se rappellera que Van Gogh Gogh a, de 1872 à 1890, écrit pas moins de 650 lettres à son frère Théo. C’est l’une d’elles que reprend Pierre Legat pour clôturer son livre : « Les ouvriers là-bas sont généralement des gens émaciés et pâles de fièvre…. Les femmes en général sont blêmes et fanées….. Les villages ici respirent l’abandon, le silence et la mort….. ». Après lecture de cette lettre, après avoir sillonné le récit de Pierre Legat, on ne pourra plus regarder Van Gogh de la même manière, même sa « Nuit étoilée ».

                                                                                     Michel Westrade