Salvatore Gucciardo, Méandres, poèmes, Chloé des Lys, poèmes, français-italien, 99 pp.

Des poèmes parcourus d’un mouvement incessant, en devenir, en ébullition, comme les peintures de Salvatore qui l’illustrent. Mais un mouvement ascensionnel, car la vision qui nous est ici présentée est, malgré les épreuves, une vision qui nous entraîne vers un monde meilleur. Non pas le meilleur des mondes, mais ce monde même que nous habitons, et dans lequel il nous appartient d’œuvrer, si dure que soit la tâche.

Mais, un peu comme chez les gnostiques, ce monde en ascension communique avec le monde du dessous, celui de la baleine blanche, maléfique:

Toute mon inspiration est enfouie au sein de la baleine blanche. Animal sublime, aux multiples richesses. Le cétacé porte en lui les mystères des grandes profondeurs. Habité par des ondes magnétiques, il est le lien entre le monde abyssal et le monde visible.

On le voit, le monstre que poursuivait le capitaine Achab est ambigu, à la fois porteur de richesses et lien avec le monde abyssal. Et le rêve se poursuit, avec ses visions d’méandres – tel est le titre de la seconde partie:

Les dents féroces pénètrent la peau et immobilisent les victimes. Le jardin des oliviers révèle la vision apocalyptique. Dans le dédale, les vitraux colorient des lieux saints. L’être cherche une issue.

Dans la troisième partie, Abysses, le désordre est à son comble, et si l’on revient en surface, ce sera sous Les feux de la torpeur, en proie aux animaux prédateurs: Les loups/sont dans la bergerie, mais l’espérance, déjà, est présente: L’espérance a l’âge de l’homme. C’est un livre d’histoire aux aventures complexes, et il nous dira, en fin: Le fleuve de la création/Domine/Mes terres intérieures. Et dans Collages, dans Omega surtout, la dernière partie, c’est un véritable cantique de l’Aube qu’il va élever vers le ciel: Aube/J’embrasse/Tes lèvres sensuelles/Et j’invite/Les êtres/Au festin de lumière.

Un véritable cantique à la vie, en ce monde qui est le nôtre, de plus en plus privé de lumière.

Joseph Bodson