Thierry-Pierre Clément, Ta seule fontaine est la mer, poèmes, éd. A bouche perdue, 2013

Préfacé par Pierre Dhainaut,, ce recueil parle de la disponibilité nécessaire, de l’empathie indispensable à une pleine consécration du monde. Les mots aident à supporter la nostalgie fondée sur l’éternel retour, la tristesse, les déceptions de la liberté effacée. Comment vivre bien quand la fin se profile et que le vide de l’au-delà nous tend son miroir déformé? C’est pourquoi le poète s’enfonce avec profondeur dans ses paysages et propose l’opportunité pour exister avec richesse quand il écrit: Attendre/ que se lèvent/les mots, ou vénérer le silence/manteau de l’invisible.. Il invite à saisir la vie intérieure. Toujours présente, la nature est peut-être ce dieu parfait qui ne demande rien hors la calme méditation, le songe suscitant assez de force pour poursuivre le chemin au bout duquel l’homme se trouvera. La beauté devient source de questions, dont il faut se gorger pour atteindre l’amplitude: Regard toujours vers le vaste/n’oublie cependant jamais le plus proche. Thierry-Pierre Clément propose d’approfondir les traces du vécu et d’attendre simplement car toujours la marche s’accomplit, la richesse tient dans le peu. Un rien porte l’universel: le chant dit l’oiseau. Les citations de poètes dont l’auteur se sent proche sent révélatrices de ses connivences: Giono, Guillevic, Novalis ou Catherine de Sienne n’étonnent point ici. Tout comme le poème liminaire d’Ayguesparse qui introduit lumineusement le livre.

Guy Beyns