Véronique Wautier, Là où sont les oiseaux, ill. Pierre Mainguet, préface de Jean-Michel Aubevert, éd. Le coudrier, 2013, 75 pp, 15 €.

Là où sont les oiseaux, il n’y a plus ni sacré, ni profane, juste leur réconciliation, nous dit-elle. Et un torii, ce portail japonais, c’est, justement, là où sont les oiseaux.

Cela commence par une sorte d’éloge du voyageur, de celui qui bouge. Chez nous qui vivons, il faut fuir ce qui est figé, courir le risque de l’aventure intérieure. Celle du feu, du mot, contre la mort. Une sorte de croisade contre la mort (p.21) un geste simple et doux, pour suivre ce qui demeure, réunir la faille et le désir.

Tout un recueil qui est une démarche, au sens strict du mot : aller vers quelque chose, non pas pour partir, mais parce qu’il est bon de marcher vers cela que nous devons découvrir, et qui nous dépasse, là où sont les oiseaux.

Les gestes et les phrases du quotidien. Mais la marche est omniprésente. Tout est chez elle démarche et démarquage, simplicité et simple sonorité des mots qui disent le quotidien, le quotidien de cette avancée, et qui s’appellent l’un l’autre. Des mots-gestes, comme le torii. Marcher c’est de la belle ouvrage (p.24)

Cela donne une sorte de monodie parfois un peu monotone et monocorde, comme certains poèmes très courts de Max Elskamp et de Guido Gezelle ; comme une prière répétée, les grains d’un chapelet qui entre les doigts lentement s’écoulent. Une douceur, une douleur verlainiennes : J’entends midi qui sonne./C’est bien (p.34).

Oui, la marche est omniprésente, avec des images qui sont aussi des atmosphères, comme le feu, la neige. Des poèmes méticuleux et précis, aux lignes nettes, comme les peintures chinoises.

Ce torii est peut-être l’une de ces réponses que l’on donne aux enfants, un peu facilement, un peu gratuitement. Mais c’est aussi raison de vivre, et de mort ; de la lumière joue sur le pain et le café du matin. Le chant des oiseaux, repris et modulé par chaque présence, chaque poème. L’avancée. Migrer, émigrer, et puis chanter. Il y a là de longues traversées et des automnes mouillés. De quoi vivre. De quoi rêver. Et elle s’est souvenue de la belle, la lune.

Et la toute fin, les derniers vers du poème se closent sur une sorte de stoïcisme :

Que puis-je dire sur la mort qui nous réconcilie ?

Rien.

L’oiseau non plus et sur toute demeure

Il chante.

                                                    Joseph Bodson