Xavier Forget, Un coin de siècle, Bruxelles, M.E.0., 112 p.

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Assurément, Xavier Forget est un poète urbain. Le voici dans la solitude d’une nuit bruxelloise ou de la place Flagey,  dans l’anonymat du métro ou des trams,  dans les rues transméditerranéennes / du quartier de Matonge ou celles de coulisses éthyliques et malfamées,  les rues achat-vente, parmi  ces légions / de figurants de l’émotion zéro. Ce dont il parle, c’est l’atmosphère des villes devenues ce qu’elles sont sous l’emprise de l’économie de marché et l’empire de l’informatique. Car dans ses écrits la localisation rejoint la temporalité comme le suggère le titre Un coin de siècle.

Ceci n’empêche pas ou provoque la nostalgie de Rutebeuf, des dunes, des vagues, des arbres, des grillons ou d’une araignée, des oiseaux, du parfum des fleurs, de ronces aux fruits juteux,  de l’azur, de la lune…  Cela veut croire qu’Il fut un temps / où comme un enfant / il était possible / d’être / et maladroit et heureux / Innocent. C’est aussi qu’l y a en Forget l’Utopie / d’un chevalier / qui survivrait aux mirages en dépit des dérives économico-politiques qu’il épingle en mots simples, alignés en style direct, parfois même en langage texto.

Il n’est pas tendre avec nos illusions démocratiques perdues. Il y a là quelque chose de la lignée de Cendrars arpentant son époque, de celle aussi de Georges Linze mais sans son optimisme trop confiant. Et probablement  des rappeurs actuels quand ils ne se contentent pas de rimes à deux cents.

Michel Voiturier