Revue Archipels arts-cultures-migrations
numéro 2 Langues d’exil

Parce que l’on ne peut évidemment réduire la question des migrants qui cherchent refuge en Europe à des statistiques, le numéro 2 de l’intéressante revue Archipels, intitulé Langues d’exil, regroupe des expériences de création littéraire, plastique, sonore et visuelle ancrés dans différents territoires.
Des articles de philosophes, enseignants, politologues, d’artistes ou de membres d’associations.
L’article d’introduction « L’insoutenable légèreté de l’autre » de Mathieu Bietlot propose un éclairage philosophique sur la notion d’hospitalité.
« Les usines à espoir d’Aubervillier » par A Jeannot-Lorente, et « Un trésor poétique municipal » (Coline Merlo) traitent d’Aubervillier, cette commune au nord de Paris qui regroupe 107 nationalités différentes, génératrice d’une grande production de mise en avant des multiculturalités et qui détient en particulier un important patrimoine poétique.
« Eloquentia la parole au centre » de V Vanhoutvinck évoque le programme de formation au concours d’éloquence organisé à Paris.
Il est question de langage universel de la musique dans « La musique, la transe et la contestation »( R Meyran), de dessins dans « Dessiner les uns contre les autres (entretien avec T Dartois). Des travaux de l’auteur réalisateur N Autheman en rapport avec les camps de réfugiés dans « Gérants d’exil ». Du « Good Chance Théatre de Calais à Aubervillier », espace de liberté créative (Joe Robertson).
Des livres de l’écrivaine italo-belge N Malinconi, où elle parle d’exil.
« Bagarres au King Créole » (Pierre Hemptinne) explique comment dans l’exposition Mondialité à la Villa Empain à Bruxelles en 2017 il est montré que l’art contemporain renouvelle les imaginaires des humanités.
« Se souvenir d’où l’on vient » nous parle de la metteuse en scène, fille d’émigrés italiens, Martine De Michele et, dans « Eschyle internationaliste » il est question de la pièce Les Suppliantes jouée à Notre-Dame-des-Landes en 2017.
La révue aborde bien sûr aussi, dans ce même registre, le festival d’Avignon « Avignon dans les yeux d’un migrant »(D Bela).
Un article intéressant aussi à signaler « Miroir, mon beau miroir, dis-moi… » (entretien avec I et Freddy LC2) qui met en avant que l’intellectuel, mais surtout l’artiste, doit accepter de se situer au cœur du monde et non en retrait. Il n’est pas un élu.
« Maison de l’histoire européenne, les limites de la mémoire » (S de Ville) rappelle l’inauguration à Bruxelles, en mai 2017, de cette « maison » et se penche sur la place qui y est laissée aux migrations passées et récentes.
« Vents d’est et tumulus » (Ph Braschi) parle du projet Tumulus qui est d’offrir aux pays d’Europe de l’Est la possibilités de vrais choix d’esthétiques qui leur sont propres.
« Ouvrir de nouveaux lieux communs » (R de Bodt) fait découvrir le poète Ascanio Celestini, dont la diffusion de l’œuvre a été favorisée par l’acteur belge David Murgia.
« Gassy Marin et le Vieux Monde » (N Parlaku) nous emmène dans le journal de voyage de Gassy Marin, belge né en 1883, qui affirmait déjà que  » le monde entier est devenu mon pays », voyage allant de l’Ancien Monde jusqu’en Chine et au Japon.
Enfin, »De l’hostilité à l’hospitalité » (N Parlaku et N Roméas) interroge, une question cruciale: Quel est ce fameux modèle auquel on voudrait que tous les arrivants se plient? Un moule standardisant?

 

Martine Rouhart