LIBER / LIVRE / LIBERT / LIBERTÉ

Jouer avec les mots, les images, les pages, la colle et les pinceaux et pouvoir réaliser son rêve, exposer en toute liberté son magasin de merveilles, sa vaste librairie de vers et de couleurs au cœur d’un majestueux musée plein de nobles tapisseries, de meubles et de lustres solennels, voilà l’aventure féerique que vit à Liège, au printemps de cette année, Béatrice Libert, la locataire éphémère et ravie du Musée d’Ansembourg… En plein XVIIIe siècle grandiose et guindé, la surprise est  de taille : une fée sans poudre ni dentelles a pu y installer tout ou presque le contenu de son atelier d’écriture, de peinture, de gravure et même de couture…  L’imagination, l’invention, l’astuce, la complicité sont débordantes : les créations les plus raffinées côtoient les plus drôles, les plus surprenantes, les plus savantes parfois. Il y a des trésors dans chaque coin, de l’humour à tous les étages, de vrais bijoux de papier et de carton sur les tables, dans les boîtes de verre, sur les vénérables étagères. On y retrouve les recueils poétiques, les textes en prose, les études, les livres d’artiste mêlés aux œuvres exposées aux cimaises, signées par Béatrice elle-même et qui nous donnent à voir d’étonnants biduliens, de petits personnages batifolant dans un univers bigarré que l’on pourrait situer entre le Klee des songes et le Miro des étoiles mirobolantes… Les livres de l’invitée offrent de même des surprises ravissantes. Ils sont nés d’une longue collaboration avec de nombreux artistes : Jacques Clauzel, Martine Chittofrati, Annie Gaukema, Raphaël Kleweta, Annick Butré… Nous ne pouvons les citer tous mais on aurait aimé les voir travailler devant nous et passer de l’écrit à l’encre, de la métaphore à l’acrylique, de la poésie à la palette en nous laissant nous prendre au jeu de l’échange, de la complémentarité et de la musique à quatre mains. De la belle ouvrage assurément qui vaut le déplacement et dont nous retiendrons essentiellement que l’art peut être simple et joyeux ou grave et profond mais qu’il se doit d’être toujours voyageur, spirituel et vivant…

Michel Ducobu