Le 36e Festival du Film fantastique arrive dans sa dernière ligne droite à Bozar. Une centaine de films, trois salles, un espace Q&A, les Guests, les VIP, du body painting, un bar & snack rassemblés dans la grande salle du bas où s’affichent les 36 banderoles des festivals depuis 1983, tout y est pour le meilleur et pour le pire !

Un seul regret, l’absence de Freddy Bozzo qui a décroché après 35 ans de bons et loyaux services… Les frères Delmotte et Anny Bozzo poursuivent avec les bénévoles leur périple bruxellois exceptionnel de « peï » et de « meï » généreux et fantastiques. Honneur à PeyMeyDiffusion !

Côté films, l’un d’entre eux me tend la main comme pour faire revivre une mémoire du passé… Il évoque un fait d’histoire à Montmartre, la curieuse vie de « la femme la plus assassinée du monde », Paula Maxa, au Théâtre du Grand Guignol. Cette histoire eut pu ne rien évoquer en moi si ce n’avait été cette phrase que scandait souvent Thomas Owen : « Un hideux flot de sang jaillit… ». Thomas Owen jeune, alors encore Gérald Bertot, avait accompagné son père, Arthur Bertot, au Grand Guignol à Paris. Il avait vécu, frémissant, ce spectacle d’excès en tous genres et s’en était imprégné pour ses récits fantastiques d’après guerre. Quelle ne fut pas ma surprise de voir, dans le film projeté, une scène que je croyais être inventée par l’écrivain : le public se couvrant le buste de bavettes ou de larges mouchoirs blancs pour ne pas être éclaboussés par le sang qui giclait en tous sens, lors des scènes de meurtre ou d’égorgement sur la scène du théâtre ! Digne successeur du spectacle sanglant qu’offrait la place de Grève à Paris avant et pendant la Révolution, où se pressait le peuple venu jouir des tortures infligées aux condamnés, ce Grand Guignol avait finalement fermé ses portes en 1937… juste avant les horreurs suivantes !

Le BIFFF a rendu hommage, en son temps, à l’écrivain Thomas Owen, « le grand fantastique », interviewé au Passage 44 par Pascal Vrebos, à la même époque que Henri Vernes et son Bob Morane, William Vance et son personnage de la Mangouste qu’il avait copié du physique de Thomas Owen, et de Jean Van Ham, l’auteur à succès de XIII notamment.

Merci le BIFFF pour de telles rencontres et pour celles, à n’en pas douter, nombreuses encore que les organisateurs ne manqueront pas d’offrir au public particulier de ce festival hors normes.

Mireille Dabée