Marie-Claire George – Tout près, sur l’autre rive – Ed. de la Joyeuserie – 148 pages

Comme si évoquer « la part sombre »  de l’humanité ne suffisait pas à nous inquiéter, l’auteur lui ajoute des éléments surnaturels tout aussi sombres, qui ne font que l’empirer. La mort plane et pèse sur toutes les nouvelles de ce recueil, mais pas la mort sereine, pas même la mort violente ou assenée tranquillement par l’un ou l’autre criminel bien humain. C’est beaucoup plus sournois, la peur rôde autour des héros, envahit leur vie et la mort s’habille de fantastique. Les animaux sont maléfiques et mortifères, que ce soient les crabes écarlates ou le chat diabolique, les objets sont maléfiques, le miroir vert,  le vase canope, le piano mortel, le tableau rouge qui bouge,  l’horloge sans aiguilles…. Des crimes anciens refont surface avec leur charge de remords et de crainte, la mort s’incarne, la vengeance vient de l’au-delà.  La haine, la rancune, les remords qui rongent, les regrets, la hantise de la mort et du temps qui passe, l’amour en bocal qui moisit et vous empoisonne la vie… rien que des sentiments négatifs dans ces cœurs secs et malheureux  s’épanchant à coups de « Je » et nous prenant à témoin de leur vie misérable. L’auteur a délibérément pris le parti de voir la vie en noir – en noir magique, bien sûr – et habille d’un élégant glacis de mots des histoires à nous glacer le sang et à nous faire désespérer de l’humanité.

(18 € chez l’auteur : marieclairegeorge@yahoo.fr)

Isabelle Fable