Michel Vandenbosch, Les combats de Gaia, Éditions Borgerhoff & Lamberigts, 272 pages, 25 €.

Un livre qui met en évidence un phénomène sociétal, la façon dont peu à peu les citoyens prennent conscience du traitement ignoble subi par la presque totalité des animaux en contact avec les humains. À part quelques privilégiés, choyés, parfois à l’excès, à qui nous avons octroyé le statut d’animaux de compagnie haussés au rang d’amis des hommes, la toute grande majorité des bêtes soumises aux hommes sont martyrisées. Le mot n’est pas trop fort. Elles sont considérées comme des choses à notre service, ne demandant aucun égard, aucun soin, aucun respect de leurs besoins les plus élémentaires, sauf à les garder en vie.

Que ce soit au niveau alimentaire (élevage industriel, gavage, transport, marchés, abattage), au niveau scientifique, pharmaceutique et médical (recherche, laboratoires, expériences, vivisection), au niveau esthétique (fourrures, cosmétiques), au niveau enseignement (dissection), au niveau loisirs (zoos, cirques, foires, courses de rue, combats, folklore, chasse, tenderie), au niveau religieux (hallal, casher)… on se montre inhumain. L’homme se croit tout permis. Au nom de quoi ?


Depuis vingt-cinq ans (fondation de l’asbl Gaia), on en vient doucement à reconnaître que les animaux ne sont pas une marchandise ou du matériel à notre disposition, qu’ils sont, comme nous, vivants, sensibles physiquement et psychiquement, et que cette maltraitance organisée, cautionnée et acceptée les yeux fermés doit arriver à son terme dans une société qui se dit civilisée – et qui l’est moins que toute autre, car la maltraitance est devenue systématique, scientifique, industrielle… Normale.


C’est une question d’humanité, de traiter convenablement les êtres qui dépendent de nous – nos frères, comme disait Saint François d’Assise, qui avait compris l’évidence de l’unité de la Vie.


Ce n’est pas de la sensiblerie, de la naïveté, de l’utopie, ce n’est pas non plus du prosélytisme. Ce livre, c’est un constat objectif de ce qui se passe (dans des lieux souvent fermés au public), ce sont des enquêtes, des reportages, des actions, toujours menées sans violence et souvent avec humour, de Gaia ou d’autres associations similaires, ce sont les réactions des citoyens devant les faits insoutenables qui leur sont dévoilés, ce sont les réticences ou les avancées de politiciens frileux ou courageux… Les victoires, les échecs et les attentes de Gaia. Car il reste beaucoup à faire.


C’est un auteur belge, qui parle de ce qui se passe en Belgique… ça nous regarde. Ce n’est ni politique ni polémique. C’est une prise de conscience de l’intolérable souffrance de millions d’animaux et une révolte devant cet état de fait. Il faut lire le livre (photos à l’appui) et voir les vidéos du site (www.gaia.be/fr) pour comprendre que Michel Vandenbosch n’exagère pas et qu’il est temps pour notre société de faire marche arrière. Des solutions existent, et des alternatives valables.


Les hommes ont toujours eu recours aux animaux pour se nourrir, se vêtir ou pour d’autres raisons. C’est la loi de la vie. Mais la chosification systématique et la maltraitance normalisée des êtres vivants est inacceptable. Il y a de quoi avoir honte d’être humain. J’ai honte. Et j’ai mal. Aucun animal ne se comporte ainsi.

La plupart des gens sont choqués, indignés, horrifiés en découvrant certaines réalités. Mais s’arrêter à ce sentiment ne suffit pas. Gaia agit et nous donne l’occasion d’agir.


Un livre fort, qu’on n’oublie pas, et qui peut orienter notre philosophie de vie.

Isabelle Fable